samedi 28 février 2015

Les Etats-Unis comptent rouvrir leur ambassade à Cuba en avril

La secrétaire adjointe pour l'Amérique latine Roberta Jacobson, le 27 février 2015 lors d'une conférence de presse à Wshington


Les Etats-Unis comptent rouvrir leur ambassade à Cuba en avril et rétablir ainsi leurs relations diplomatiques avec l'île communiste, les deux gouvernements ennemis se félicitant vendredi de «progrès» dans leur dialogue historique après un demi-siècle de conflit.

Mais en dépit de ces avancées réalisées lors d'un second cycle de pourparlers officiels américano-cubains, à Washington, les deux pays ont reconnu qu'il restait de «graves désaccords» avant une normalisation complète. Au premier rang de ces contentieux, la présence de Cuba sur une liste américaine d'«Etats soutenant le terrorisme».

Les discussions de vendredi faisaient suite à une première rencontre officielle à La Havane fin janvier, dans la foulée de l'annonce choc, le 17 décembre, par les présidents Barack Obama et Raul Castro d'une amorce de dégel entre les deux voisins.

Cinquante-quatre ans après la rupture des relations diplomatiques en pleine Guerre froide, Washington pourrait rouvrir dans six semaines sa chancellerie à La Havane et y dépêcher un ambassadeur, a indiqué la secrétaire d'Etat adjointe pour l'Amérique latine Roberta Jacobson qui mène les négociations côté américain. «Je pense que nous pouvons l'avoir fait à temps pour le Sommet des Amériques» à Panama les 10 et 11 avril, a-elle déclaré, interrogée lors d'une conférence de presse sur un possible rétablissement des relations diplomatiques.

Au quel cas, Cuba rouvrirait aussi son ambassade à Washington.

Les présidents Obama et Castro devraient assister au Sommet des Amériques. Une occasion pour une éventuelle rencontre historique et pour la réouverture d'ambassades. Les deux gouvernements entretiennent depuis 1977 des sections d'intérêts qui font office de chancelleries.

Mme Jacobson ne s'est pas plus étendue sur la teneur des discussions, parlant de «progrès significatifs», de discussions «constructives et encourageantes» avec la partie cubaine représentée par la directrice chargée des Etats-Unis au ministère des Affaires étrangères, Josefina Vidal.

- Questions en suspens -

Cette dernière a aussi vanté les «progrès» des deux pays «dans (leurs) négociations» tout en reconnaissant qu'il restait des questions en suspens, dont «la suppression de Cuba de la liste (américaine) des +Etats soutenant le terrorisme+»

Car La Havane réclame depuis longtemps d'être rayée de cette liste noire où Cuba figure depuis 1982 aux côtés de l'Iran, de la Syrie et du Soudan.

Le 17 décembre, le président Obama avait indiqué avoir fait avancer le dossier auprès du département d'Etat mais son secrétaire d'Etat John Kerry a réaffirmé vendredi matin que les deux sujets étaient «distincts».

La diplomate cubaine Josefina Vidal a dit ne pas en faire «une condition préalable» pour rouvrir les ambassades. Mais, a-t-elle argumenté, «il serait très difficile d'expliquer que Cuba et les Etats-Unis ont rétabli leurs relations diplomatiques et que Cuba reste sur une liste sur laquelle il n'aurait jamais dû figurer».

Si rouvrir des ambassades paraît donc à portée de main, la normalisation complète promet d'être beaucoup plus compliquée: après plus de 50 ans d'hostilité, les contentieux sont légion, à commencer par l'embargo commercial et financier que Washington impose à l'île communiste depuis 1962.

La Havane demande sa levée, le président démocrate Obama y est favorable et a demandé au Congrès, contrôlé par les républicains, d'y travailler car lui seul a la prérogative institutionnelle pour le faire.

Des élus républicains et démocrates plaident également pour la fin de l'embargo mais ils sont aussi nombreux dans les deux camps à être opposés à une telle perspective. Ils dénoncent un processus de normalisation sans dialogue préalable avec le régime castriste sur les droits de l'homme et la répression politique.

Washington a certes assoupli ces dernières semaines quelques contraintes de l'embargo -- pour le secteur privé d'entreprises cubaines et dans les télécommunications -- mais l'essentiel reste en vigueur.

Juste avant les entretiens américano-cubains fin janvier, La Havane avait libéré 53 dissidents d'après une liste établie avec le gouvernement américain. Et les discussions de vendredi ont permis aussi de programmer «fin mars» un dialogue entre les Etats-Unis et Cuba «sur les droits de l'homme», a dit Mme Jacobson.

Ce processus historique de normalisation entre les Etats-Unis et Cuba avait en fait commencé dans le plus grand secret il y a près de deux ans lors de négociations confidentielles menées du printemps 2013 à l'automne 2014, sous l'égide du Vatican et du Canada.

En Algérie, des femmes imams luttent contre la radicalisation



Fatma Zohra, une "mourchidate", guide spirituelle de l'islam nommée par le gouvernement algérien, lit le Coran à la mosquée d'Ennida à Alger, le 22 février 2015


«Tuer est un péché capital alors comment des gens peuvent-ils tuer des innocents au nom de l’islam ?», lance Fatma Zohra, l'une des quelque 300 femmes imams à l'avant-garde de la lutte contre la radicalisation en Algérie.

Elles effectuent le même travail qu’un imam, à l’exception de la conduite de la prière, réservée à l'homme dans la religion musulmane.

Discrètes, ces «mourchidates» travaillent depuis des années à la «déradicalisation» des jeunes tombés dans les filets de l'extrémisme religieux, et à prévenir ce fléau.

Dans les mosquées, les prisons, les maisons de jeunes, les hôpitaux ou lors de débats dans des écoles, leur maître-mot est de faire connaître l'islam qui prône la tolérance et de corriger les incompréhensions qui poussent à toutes les dérives.

Fatma Zohra se rappelle avec amertume la décennie noire des années 1990, durant laquelle des Algériens tuaient d'autres Algériens «au nom de l’islam» et qui a fait au moins 200.000 morts.

Selon cette quadragénaire élégante mais sobre, coiffée d’un voile mauve, les horreurs l'ont «motivée à mieux connaitre la religion pour l'enseigner après».

C'est pendant la guerre civile, déclenchée par l'interruption du processus électoral qui promettait une victoire aux islamistes du Front islamique du salut, que les autorités ont entamé un processus pour contrer l'extrémisme.

La première femme imam a été recrutée en 1993. Nommées par le ministère des Affaires religieuses, elles ont toutes au minimum une licence en sciences islamiques et connaissent le Coran sur le bout des doigts.

Tour à tour «psychologue et sociologue», Fatma Zohra écoute depuis 17 ans les femmes, en groupe ou en aparté, dans son +confessionnal+, faisant le grand écart entre préceptes religieux, problèmes sociaux et conflits conjugaux.

«Je les écoute, les conseille et les oriente vers des spécialistes quand cela ne relève pas du volet religieux», confie-t-elle dans une mosquée d'Alger.

«Nous venons pour apprendre et comprendre le Coran mais aussi pour poser des questions sur des problèmes personnels», lance Saadia, une septuagénaire.

«L’imam c’est bien, mais c’est tellement plus simple de se confier à une femme», renchérit Aïcha, la soixantaine.

- 'Véritable islam' contre 'faux prophètes' -

Au début, seules les femmes au foyer s'adressaient aux mourchidates, mais depuis quelques années des médecins, ingénieurs et autres universitaires se pressent pour mieux connaître leur religion.

Professeur de mathématiques dans un lycée de la banlieue d'Alger, Meriem a ainsi commencé à «fréquenter» la mosquée il y a quelques mois afin d'apprendre le «véritable islam» pour contrer les «faux prophètes» qui veulent endoctriner les jeunes.

Samia, femme imam depuis quinze ans et qui préfère ne pas donner son vrai nom, «travaille dans une région où des mères souffrent de voir leur garçon et parfois leur fille se radicaliser».

«Elles se confient à moi pour qu’ensemble et avec d'autres personnes nous entamions un processus de déradicalisation», explique-telle. «Même si très peu d'Algériens ont rejoint l'organisation jihadiste Etat islamique, la vigilance est de mise car la radicalisation prend d'autres formes».

«Il faut particulièrement surveiller les adolescents», prévient-elle. «Télévisions par satellite et internet permettent à de pseudo imams de se faire passer pour des guides religieux alors qu'ils ne connaissent pas les enseignements du Coran».

«Un jour, raconte Samia, une maman est venue me voir car sa fille de 17 ans s'est mise à porter le voile intégral du jour au lendemain et à leur interdire d'aller aux mariages, de regarder la télévision. Elle s'était faite endoctriner (...) Le travail d'accompagnement a duré plusieurs mois. Au final, elle a repris ses études et sa vie en mains».

Et quand c'est auprès d'un jeune homme qu'il faut intervenir, l'imam s'implique alors dans l'«opération de sauvetage».

Contribuer à extirper des jeunes de l'extrémisme est source de fierté pour nombre de mourchidates.

«Sauver la vie d’un jeune et la vie des personnes qu'il aurait pu affecter (en sombrant dans la radicalisation) est la plus grande des récompenses à notre travail», assure ainsi Safia, qui exerce à l'est d'Alger.

12 ans après le pillage, le musée de Bagdad rouvre ses portes


Une pièce en or de la dynastie Umayyad exposé au musée national d'Irak à Bagdad 



Un pied de nez aux djihadistes de Daesh. Le musée national irakien a officiellement rouvert ses portes plus vite que prévu en réaction à la destruction jeudi de sculptures préislamiques inestimables par les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) à Mossoul, dans le nord de l'Irak.

«Nous préparions la réouverture depuis plusieurs mois, le musée doit être ouvert à tous», a déclaré à l'AFP le vice-ministre irakien du Tourisme et des Antiquités, Qaïs Hussein Rachid. «Les évènements à Mossoul nous ont poussés à accélérer notre travail et nous voulions ouvrir dès aujourd'hui en réaction à ce qu'ont fait les criminels de Daesh», a-t-il ajouté, désignant l'EI par son acronyme arabe.
Le musée de Bagdad pillé par des groupes criminels

En 2003, des pilleurs avaient profité de l'intervention américaine et du chaos pour piller les musées irakiens, dont celui de Bagdad où 15.000 pièces ont été volées dont quelque 4.300 ont été restituées. Le musée abritait l'une des plus importantes collections archéologiques du monde.

«Nous recherchons toujours plus de 10.000 pièces sur les marchés et dans les ventes aux enchères. (Les pièces) que nous avons récupérées étaient les plus importantes», a déclaré M. Rachid.
Le musée de Mossoul ravagé

Jeudi, Daesh, qui contrôle depuis juin Mossoul, la deuxième ville d'Irak, a mis en ligne une vidéo dans laquelle des djihadistes réduisent en miettes des sculptures antiques à la massue. On les voit aussi défigurer au marteau-piqueur un colossal taureau ailé assyrien. Ces destructions ont déclenché une vague d'indignation internationale, l'Unesco dénoncant«une tragédie culturelle qui alimente le sectarisme et l'extrémisme». .

Les destructions de Mossoul sont les pires subies par le patrimoine irakien depuis le pillage du musée archéologique national à Bagdad en avril 2003, quelques jours après la chute de Saddam Hussein.Un jihadiste a indiqué devant la caméra qu'ils détruisaient les statues car elles favorisaient « l'idolâtrie ». Mais des responsables et des experts estiment que l'EI a détruit uniquement des pièces volumineuses, se gardant les autres plus petites pour les vendre probablement en contrebande.

« Nous avons des informations sur chaque pièce à Mossoul, chaque pièce est marquée et nous allons traquer toutes les pièces vendues en contrebande par Daesh et les groupes terroristes, nous allons les traquer et le monde est avec nous », a-t-il ajouté.

Turquie: Öcalan demande au PKK de déposer les armes


Des supporteurs du PKK réclament la libération d'Abdullah Ocalan le 15 février 2015 à Arbil 


Le chef emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, a ravivé samedi de façon spectaculaire l'espoir que soit mis fin à la rébellion séparatiste kurde qui ensanglante la Turquie depuis trente ans, appelant ses troupes à prendre la décision «historique» de déposer les armes.

Dans un message lu devant la presse par le député du Parti démocratique du peuple (HDP, prokurde) Sirri Sureyya Önder, M. Öcalan a appelé son mouvement à organiser au printemps un congrès sur son désarmement.

«Nous nous rapprochons d'un règlement de ce conflit vieux de trente ans sous la forme d'une paix définitive, et notre objectif premier est de parvenir à une solution démocratique», a estimé le chef rebelle, dont les propos ont été rendus publics par M. Önder au cours d'une conférence de presse commune inédite avec le vice-Premier ministre Yalçin Akdogan.

«J'appelle le PKK à organiser un congrès extraordinaire au printemps pour prendre une décision stratégique et historique de désarmement», a-t-il poursuivi, «c'est un appel historique à remplacer le combat armé par la politique».

Deux ans et demi après le début des discussions entre M. Öcalan et le gouvernement islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002, cette déclaration a relancé un processus de paix moribond, à trois mois des élections législatives du 7 juin.

Les deux parties sont «plus proches de la paix que jamais», a commenté devant la presse M. Önder.

«Nous avons franchi une étape importante et historique dans le processus de paix», a renchéri M. Akdogan, premier représentant d'un gouvernement turc à assister à la lecture d'un message du chef historique du PKK, encore largement considéré en Turquie comme un «terroriste».

«Faire taire les armes va contribuer au développement de la démocratie», a ajouté M. Akdogan.

- «Etape cruciale» -

L'annonce de samedi intervient après la visite rendue par une délégation d'élus du HDP aux chefs militaires du PKK dans leur base du mont Kandil, dans le nord de l'Irak, puis à M. Öcalan dans son île-prison d'Imrali, en mer de Marmara, non loin d'Istanbul.

Outre son appel au désarmement du PKK, M. Öcalan a énuméré dans son message une série de 10 mesures à ses yeux nécessaires à une paix durable en Turquie, y compris la rédaction d'une nouvelle Constitution.

«Aujourd'hui, une étape cruciale a été franchie dans la démocratisation de la Turquie, l'extension des libertés et une paix durable», s'est réjoui le coprésident du HDP Selahattin Demirtas.

Le Premier ministre Ahmet Davutoglu a lui aussi salué la déclaration de M. Öcalan, dont le mouvement est interdit et considéré comme «terroriste» par Ankara, se félicitant du fait que le langage de la violence allait «cesser d'exister».

Après un premier échec en 2010, le gouvernement islamo-conservateur a réactivé à l'automne 2012 les discussions avec le PKK pour tenter de mettre un terme à un conflit ayant fait en trente ans quelque 40.000 morts. Il a cette fois directement engagé le dialogue avec M. Öcalan, qui purge une peine de prison à vie.

Dès mars 2013, le chef rebelle a décrété un cessez-le-feu, globalement respecté depuis, et deux mois plus tard annoncé le début du retrait vers l'Irak de ses combattants. Mais le PKK a suspendu ce mouvement peu après, accusant Ankara de ne pas tenir ses promesses.

Les discussions étaient depuis au point mort. En octobre 2014, elles ont failli capoter lorsque des milliers de jeunes Kurdes sont descendus dans les rues des villes de Turquie afin de dénoncer le refus du gouvernement turc d'intervenir pour soutenir les miliciens kurdes qui défendaient la cité syrienne de Kobané, assiégée par les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) avant d'être reprise.

Plus récemment, d'autres difficultés sont nées autour d'un projet de loi très controversé, en cours d'examen au Parlement, qui doit renforcer les pouvoirs de la police. Les députés kurdes ont menacé d'interrompre les pourparlers de paix s'il était voté.

Malgré ces fortes tensions, les ponts entre les deux parties n'ont jamais été coupés et le gouvernement a fait pression en vue d'une solution avant les législatives du 7 juin.

Un Français sur cinq souhaite que Hollande se représente en 2017


François Hollande au balcon de l'Elysée le 24 février 2015 


20% seulement. Un Français sur cinq (21%) souhaite que le président François Hollande se représente en 2017 mais cette proportion a doublé par rapport à novembre (10%), selon un sondage BVA pour Orange et iTELE publié samedi.

A l'inverse, 77% des Français ne veulent pas que le chef de l'Etat brigue un second mandat. Une proportion identique à celle observée la semaine dernière par le même institut pour son prédécesseur Nicolas Sarkozy (77% ne veulent pas qu'il se présente en 2017 contre 22%).
Un score médiocre mais en progression

Pour M. Hollande, «ce score reste bien sûr très médiocre, mais il est toutefois en progression de 11 points par rapport au mois de novembre (...) avant notamment les attentats de Paris et la grande marche du 11 janvier», note Eric Bonnet, directeur des études politiques chez BVA Opinion.

La progression est «spectaculaire», souligne-t-il, chez les électeurs de gauche (45%, +25) et les sympathisants socialistes (58%, +30).
Valls a la préférence des Français

Si M. Hollande ne se représente pas, c'est son Premier ministre Manuel Valls qui serait de très loin le candidat PS préféré des Français (51%, +5 par rapport à novembre), très nettement devant le maire de Lille, Martine Aubry, (22%, -3) et l'ancien ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, (18%, -2). La proportion est encore plus forte chez les sympathisants PS pour Manuel Valls (64%, +15).

Par ailleurs 37% (+11 par rapport à juillet) des Français pensent que la situation de la France sera meilleure qu'aujourd'hui à la fin du mandat de François Hollande contre 61% (-10) qui pensent qu'elle sera moins bonne.